Ecrits et réalisés par Bertrand Tessier et Sandra Rude
Musique originale de Gérard Cohen
Diffusé sur OCS Géants
Les stars sont les ouvre-boîtes de notre imaginaire. À travers elles, on projette nos désirs, nos fantasmes, nos rêves. Deux artistes qui s’aiment, c’est l’émotion au carré. On vit avec elles, on rit avec elles, on pleure avec elles… À chaque génération ses emblèmes : les couples mythiques sont devenus les repères de notre mémoire. Mais ils sont aussi une manière d’entrer au cœur même de la création artistique. Ils se servent mutuellement, comme pour se grandir l’un l’autre. Complémentaires et indissociables. Chaque fois, ils sont aussi le miroir de leur époque.
« Quand on parle d’Antonioni, automatiquement on parle de Monica Vitti et quand on parle de Monica Vitti automatiquement on parle de Michelangelo Antonioni. Ce sont deux personnes indissociables » rappelle Marco Dionisi, commissaire de l’exposition « La Dolce Vitti » présentée pour la première fois à Rome à l’été 2018. Le réalisateur Michelangelo Antonioni rencontre Monica Vitti en 1957. Cette jeune actrice de théâtre, peu connue du grand public, fait à l’époque du doublage pour son film « Le cri ». Pour Antonioni, c’est le coup de foudre. L’exigeant cinéaste ferrarais est fasciné par la beauté et le timbre de la voix rauque de la comédienne. Il décèle immédiatement chez elle un énorme potentiel. Il va dès lors écrire pour sa muse et compagne des rôles sur mesure :. Ensemble, ils vont tourner quatre films qui ont profondément marqué l’histoire du cinéma : « L’Avventura », « La nuit », « L’éclipse » et « Le désert rouge ». Et si leur histoire d’amour est assez brève, puisqu’elle n’a duré même pas dix ans, ces deux grands noms du cinéma italien restent liés à jamais et forment aujourd’hui encore l’un des couples les plus mythiques et fascinants de l’histoire du septième art.
Elle était « la petite fiancée de l’Amérique ». Devenue une star mondiale à 17 ans avec Le magicien d’Oz, Judy Garland savait tout faire : jouer, chanter et danser. Venu de Broadway, Vincente Minnelli était l’un des réalisateurs les plus inventifs de sa génération. Ensemble, ils ont écrit quelques-unes des plus belles pages de la comédie musicale hollywoodienne (Le chant du Missouri, Le pirate). En six ans d’amour complice, ils ont su s’enrichir de leurs différences. Elle a trouvé en lui le metteur en scène qui a su la mettre en valeur comme aucun autre mais aussi un point d’équilibre avant que ses démons intérieurs ne reprennent le dessus : flouée de son enfance, exploitée par la MGM qui lui administrait des amphétamines pour la faire travailler davantage, elle incarne la malédiction des femmes broyées par le système des studios hollywoodiens. Tous deux étaient des enfants de la balle : leur fille Liza Minelli a aujourd’hui repris le flambeau…
Un scandale retentissant. En épousant Roberto Rossellini en 1950, Ingrid Bergman a défrayé la chronique. Comment, elle, la petite suédoise devenue l’une des plus grande stars hollywoodienne avec Casablanca, Pour qui sonne le glas, Les enchainés et La maison du Docteur Edwards avait-elle pu abandonner sa carrière américaine mais aussi son mari et sa fille Pia pour s’installer à Rome et vivre avec l’inventeur du néoréalisme italien, découvert avec Rome ville ouverte ? Toujours en quête de nouvelles expériences et de rôles encore plus complexe, cette actrice qui ne vivait que pour son art voulait découvrir une autre manière de faire du cinéma. De Stromboli à Jeanne au Bucher en passant par Voyage en Italie, ils tourneront cinq films ensemble et auront trois enfants, dont Isabella Rossellini, avant de divorcer en 1957. Avec celui que la Nouvelle vague française considérera comme l’un de ses pères spirituels, Ingrid Bergman aura vécu une histoire hors norme. Une aventure passionnelle et artistique qui a fait d’elle l’incarnation d’une femme libre.
Les femmes raffolaient de ses yeux bleus, les hommes s’identifiaient à son goût pour les cascades et les belles mécaniques. Découvert dans la série Au nom de la loi, il a multiplié les succès dans les années soixante : La grande évasion, Bullit, Le Mans. Sa décontraction naturelle lui a valu le surnom de « King of cool ». Il était en phase avec son époque tout comme Ali Mac Graw, ancienne assistante de la grande prêtresse de la mode américaine, Diana Vreeland, devenue mannequin puis superstar avec Love story. Durant le tournage de Guet-apens de Sam Peckinpah, en 1972, ils s’éprennent l’un de l’autre. Pour lui, elle a quitté son mari, Robert Evans, patron de la Paramount, alors l’un des hommes les plus puissants d’Hollywood. Pour lui, elle abandonnera sa carrière d’actrice. Mais derrière son apparente insouciance Steve McQueen est un séducteur, égomane, capricieux et paranoïaque. La belle passion se transforme en relation autodestructrice sur fond de contre-culture : tous deux cèdent aux démons de la drogue. Six ans après leur rencontre, ils se séparent, mais ils restent à jamais comme les amants terribles des années soixante-dix.